Allocution du PVPM et MAE Dačić à la réunion ministérielle de l'OSCE
Honorable Président,
Excellences,
Honorables collègues,
Au début de mon exposé, permettez-moi d'exprimer ma gratitude à la Pologne pour son hospitalité et sa présidence, et de vous féliciter, Monsieur le Ministre Rau, pour l'organisation du Conseil ministériel à Łódź.
D'année en année, les réunions des Conseils ministériels se tiennent dans des conditions de plus en plus difficiles et complexes. Cette année, nous nous sommes réunis à un moment difficile pour notre Organisation, car nous sommes confrontés à la guerre en Ukraine, dont les conséquences modifient la perception et la vision de la sécurité collective. Aujourd'hui, alors que nous sommes confrontés à des défis de plus en plus complexes qui nécessitent une coopération, et que c'est précisément le multilatéralisme et l'action commune qui sont une condition préalable à toute réussite collective, il semble que nous n'ayons jamais été aussi éloignés. Tout cela a un impact sur l'OSCE en tant qu'organisation, car malheureusement, je dois constater que l'influence de l'Organisation s'effondre en raison du manque de volonté politique et d'ouverture pour s'engager dans un dialogue constructif et essentiel pour résoudre les problèmes ouverts. L'OSCE doit être une plate-forme ouverte pour la communication directe de tous ses membres, quelles que soient les circonstances, car sinon nous créons un climat de profonde méfiance, perdons toute possibilité de dialogue et fermons les canaux de communication.
En suivant fermement nos propres intérêts, nous encourageons les divisions et les regroupements qui ont déjà des conséquences dévastatrices pour le monde dans son ensemble. À ce stade, il est particulièrement important de regarder la situation dans son ensemble et de se concentrer sur la connectivité à travers nos similitudes au lieu d'identifier nos différences. L'avenir de cette organisation et le progrès mondial global dépendront toujours de notre disponibilité à coopérer et à trouver un langage commun.
Vu que la Serbie a présidé l'OSCE en 2015 et que j'ai eu l'honneur de présider la réunion ministérielle de Belgrade, je suis pleinement conscient des défis auxquels nous faisons face, mais je sais aussi la contribution que cette Organisation peut et doit apporter. Nous nous employons pour le renforcement et l'utilisation d'un large éventail de mécanismes de l'OSCE. Nous pensons qu'il faut utiliser au maximum les capacités existantes et revenir aux principes d'origine. L'Acte final d'Helsinki, adopté il y a près de 50 ans, pendant la guerre froide, avec ses dix principes a contribué à rendre le monde plus sûr. Je crois que la commémoration prochaine du cinquantième anniversaire de notre Organisation serait une occasion à ne pas manquer, afin de déterminer ce que nous avons accompli, mais aussi de définir ensemble les orientations du développement futur. Il faut surtout revoir les domaines et définir les voies par lesquelles cette Organisation pourrait agir plus efficacement dans les dimensions militaro-politique, économico-écologique et humaine.
Mesdames et Messieurs,
Les événements dans la région de l'OSCE ont également un impact sur la région de l'Europe du Sud-Est, qui est déjà accablée par des problèmes accumulés et négligés depuis des années.
Je me vois dans l’obligation d’évoquer la situation sécuritaire particulièrement préoccupante au Kosovo-Metohija. Les institutions intérimaires d’administration autonome de Priština sapent consciemment et continuellement les efforts visant à trouver des solutions de compromis, et il est particulièrement inquiétant que Priština non seulement rejette la bonne volonté et l'engagement au dialogue de Belgrade, mais ignore les appels de l'Union européenne et de l'ensemble de la communauté internationale.
Le dernier d'une série d'indicateurs des actions destructrices de Priština était la question des plaques d'immatriculation, qui est apparemment de nature technique, et avec laquelle les dirigeants actuels des Albanais du Kosovo-Metohija tentent d'échapper à leurs obligations, telles que la formation de la Communauté des municipalités serbes, et vide généralement de sens le mécanisme de dialogue mené sous l'égide de l'Union européenne. Parallèlement, Priština continue de faire pression sur la communauté non albanaise et en particulier sur la communauté serbe dans le but ultime d'expulser les non albanais du territoire du Kosovo-Metohija. En outre, les tentatives de Priština de politiser la guerre en Ukraine et d'utiliser la situation actuelle pour dépeindre le rôle de la victime et atteindre ses objectifs politiques sont particulièrement alarmantes et dégoûtantes. Je souligne que, pour sa part, la Serbie reste attachée à la paix et à la stabilité de la région des Balkans occidentaux, mais qu'il est nécessaire de trouver exclusivement des solutions de compromis aux problèmes existants.
Mesdames et Messieurs,
La Serbie est vouée à la promotion de la coopération et des relations avec les pays voisins, en mettant l'accent sur la coopération économique et la construction d'un avenir commun meilleur. Comme bon exemple de cet effort, je citerai l'initiative Les Balkans ouverts, qui, outre la Serbie, a jusqu'à présent été rejointe par l'Albanie et la Macédoine du Nord. La Serbie accorde une attention particulière aux initiatives régionales, que nous considérons comme un instrument de rapprochement avec l'Union européenne et l'adhésion à part entière comme notre vocation stratégique. Nous apprécions particulièrement le rôle et la contribution concrète des mécanismes de l'OSCE dans l'amélioration de la coopération régionale. Nous continuerons, avec nos voisins, à développer des projets économiques et d'infrastructure concrets, en gardant à l'esprit que le dialogue, la coopération et le respect des sphères d'intérêt sont le seul moyen de trouver des solutions durables à tous les problèmes ouverts dans la région.
Pour finir, je voudrais encore une fois remercier la Pologne pour ses efforts fournis cette année. Permettez-moi également de saisir cette occasion pour souhaiter beaucoup de succès à notre voisin, la Macédoine du Nord, et lui offrir tout notre soutien pendant sa présidence en 2023.