Exposé de PVPM et MAE Dačić au 22e Forum économique de Belgrade

Une fois de plus, c'est pour moi un grand honneur de pouvoir vous saluer à l'ouverture du Forum économique de Belgrade, qui, depuis sa tenue il y a 22 ans, est devenu un lieu incontournable pour discuter de notre avenir économique et de développement. Je suis heureux qu'à la fin de cette année, nous aurons l'occasion d'entendre les experts les plus éminents et leurs points de vue sur les principaux problèmes auxquels la Serbie fait face dans le cadre de l'espace économique européen et mondial, et surtout - leurs opinions sur les tendances futures et sur la manière dont la Serbie devrait se positionner vers cet avenir.

Un gouvernement ouvert aux suggestions et à l'avis des experts a beaucoup plus de chances de prendre de bonnes décisions, ceci explique la présence ici aujourd'hui de la Première ministre et de moi-même ainsi que de nos autres collègues qui participeront à ce Forum. C'est un gouvernement qui prend de bonnes décisions pour la Serbie et pour nos citoyens.

En qualité de ministre des Affaires étrangères, je suis dans l'obligation de vous informer sur plusieurs des orientations les plus importantes de notre politique étrangère en ce moment, car nous devons toujours garder à l'esprit que ce segment est extrêmement important pour notre vie quotidienne, pour notre économie, et surtout pour notre développement futur. La Serbie est extrêmement connectée au monde, à tous égards, et nous devons considérer cela comme la qualité et la valeur importantes de notre politique, qui a pour objectif final la défense de nos principaux intérêts étatiques et nationaux et, en même temps, la croissance constante de notre économie et du niveau de vie de nos citoyens.

Solidement intégrée aux flux politiques, économiques et technologiques européens et mondiaux, la Serbie utilise intelligemment tous les côtés positifs de l'intégration, mais en même temps, elle ne peut rester à l'abri des problèmes qui affligent le monde d'aujourd'hui. Approvisionnement en énergie, hausse des prix des denrées alimentaires, hausse de l'inflation, croissance plus faible que prévu à l'origine - nous avons tous les mêmes préoccupations, nous en Serbie et n'importe qui d'autre en Europe, que quelqu'un soit plus ou moins développé.

Nous n'avons pas causé ces problèmes, mais personne nous ne consulte, ils sont venus à notre porte et nous devons les résoudre. C'est précisément la façon dont nous résolvons ces problèmes que nous n'avons pas causés qui distingue la Serbie de beaucoup d'autres en Europe. Il en a été de même pour notre réponse à la pandémie de covid-19, qui s'est avérée plus efficace que beaucoup d'autres en Europe.

Au tout début de la crise en Ukraine, lorsque des perturbations majeures se sont produites sur le marché, nous, en tant que pays, avons pris plusieurs décisions stratégiques de politique étrangère, qui sont toujours pertinentes aujourd'hui et pour lesquelles suffisamment de temps s'est déjà écoulé pour passer le test de savoir si elles étaient bonnes pour notre pays et notre peuple. Comme vous le savez, dans toutes les instances mondiales les plus importantes, en particulier à l'ONU, nous avons réitéré notre soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. En même temps, ne tenant compte que des intérêts de la Serbie, nous n'avons pas imposé de sanctions à la Russie. C'étaient et ce sont toujours de bonnes décisions pour la Serbie - les meilleures possibles dans ce jeu de circonstances.

Ces décisions ont des conséquences concrètes sur notre vie quotidienne, et elles sont telles que la Serbie et nos citoyens n'ont jamais été privés d'un approvisionnement complet, notamment en nourriture et en énergie. Il n'y avait pas de files d'attente ou de pénuries devant nos magasins et stations-service. Notre industrie, y compris toutes les entreprises étrangères qui ont investi en Serbie, disposent d'un approvisionnement stable en gaz et en tous les matériaux nécessaires à la production. Notre agriculture a fait tout son travail à temps.

Cela a été fait avec d'énormes efforts, avec une planification et une allocation des ressources précises, et surtout parce que nous nous en tenons à nos principes dans les relations internationales et nous considérons le bien-être de la Serbie comme notre principale priorité, et laissons les autres prendre soin d'eux-mêmes.

Nous espérons la paix la plus rapide possible en Ukraine, non seulement parce qu'il nous est difficile d'assister au conflit entre deux peuples très proches de nous. Nous voulons la paix parce que la Serbie n'a besoin d'aucune instabilité, ni dans notre région ni en Europe, nous avons besoin d'un environnement pacifique et stable, car ce n'est qu'en lui que nous pouvons exprimer tout notre potentiel et élever constamment tous nos paramètres économiques et de développement.

Malheureusement, il ne serait pas sérieux de mettre dans nos plans que tout reviendra à la normale du jour au lendemain et que nous sortirons de la période de crise en un jour. L'expérience des huit ou dix dernières années nous apprend que le monde, et en particulier l'Europe, passe d'une crise à l'autre, qu'elles s’enchaînent et qu'elles deviennent un état naturel. C'était comme ça avec les migrants il y a sept et huit ans, avec la pandémie du coronavirus, et c'est comme ça aujourd'hui.

Les indicateurs macroéconomiques nous avertissent que l'année à venir 2023 sera une année encore plus difficile dans tous les sens, et que l'UE, qui est le principal partenaire économique et politique pour nous tous dans la région, sera confrontée à une baisse de l'activité économique. Vue à travers le prisme des expériences passées, l'UE en situation de crise se tourne vers elle-même et vers ses membres, n'accordant pas assez d'importance aux effets de ces crises sur la situation dans notre région. C'est pourquoi nous pensons que, surtout à la lumière des événements en Ukraine, il est grand temps de prendre des mesures plus concrètes dans la politique d'élargissement. Nous avons besoin que les deux mains de l'UE soient tendues pour montrer que l'Union européenne veut vraiment notre contribution à l'unification de l'Europe.

Nous avons le potentiel pour faire face aux crises mondiales, nous l'avons montré. Notre économie, et surtout nos finances publiques, sont stables et résistantes aux chocs externes, cela nous donne la possibilité d'intervenir là où c'est nécessaire - par exemple, pour aider l'économie, ses branches vulnérables, et surtout nos citoyens - les chômeurs, les retraités et les jeunes.

La politique budgétaire et économique réfléchie et responsable qui a été menée au cours des dix dernières années nous a permis d'attirer de loin le plus d'investissements étrangers directs dans la région au cours de la période écoulée. Nous générons de la croissance dans l'exploitation minière, l’industrie manufacturière, les technologies de l'information et des communications et de nombreux autres secteurs.

L'économie serbe n'est pas à l'abri des retombées de la crise, mais cette année, nous avons réussi à atténuer au maximum les effets économiques des tensions géopolitiques approfondies. Malgré la baisse attendue des activités d'investissement cette année (au niveau mondial et régional), l'afflux d'investissements directs étrangers en Serbie est revenu depuis la mi-avril au niveau enregistré avant le déclenchement du conflit en Ukraine. Au cours des trois premiers trimestres, le niveau des investissements directs a atteint 3 milliards d'euros, et les tendances positives se sont poursuivies en octobre et novembre.

Nous ne voulons pas de nouvelle crise, nous avons besoin d'un environnement calme et stable, comme je viens de le dire. Mais si une telle crise survient, nous y sommes prêts, nous avons de quoi réagir et surtout protéger nos citoyens de toute incertitude. C'est, certes, notre politique d'ouverture et de respect des principes sur la scène internationale, c'est aussi notre souci de préserver et d'améliorer les relations avec tous ceux qui contribuent à notre développement. La Serbie a des amis et des partenaires dans les quatre coins du monde, ils respectent le fait que nous prenons soin de nous et de nos intérêts d'abord, et en même temps nous exigeons que les règles internationales soient respectées tant en politique qu'en économie.

Cette politique a montré sa force et sa vitalité dans des grandes épreuves, nous continuerons donc à l'appliquer à l'avenir. J'espère qu'ici, à ce Forum, nous recevrons des suggestions utiles et amicales sur la façon d'être encore plus efficaces dans la réalisation de nos priorités, car nous avons besoin de soutien, en particulier de vous, qui rendez ce Forum important par votre travail et votre réputation.

Merci encore une fois et bon travail au 22e Forum économique de Belgrade!

Photo: Tanjug