Selaković: la décision de la Croatie est intimidante et inouïe

17. juil 2022.
Ce qui est écrit dans la note du ministère des Affaires étrangères de la Croatie, interdisant une visite privée à Jasenovac du président de la Serbie Aleksandar Vučić est non seulement scandaleux, mais aussi intimidant, inouï et incroyable que cela se produise après la Seconde Guerre mondiale, a souligné aujourd'hui le chef de la diplomatie serbe Nikola Selaković.

Il a déclaré que la Serbie avait envoyé une note à l'ambassade de Croatie en Serbie, que la Chargée d'affaires a refusé de recevoir aujourd'hui.

Il a également annoncé que le gouvernement serbe déciderait des contre-mesures appropriées.

-Le gouvernement de Serbie prendra une décision sur les contre-mesures qui seront introduites, qui seront basées sur les règles généralement acceptées du droit public international, a souligné Selaković lors d’une conférence de presse.

Selaković a lu une note du ministère croate, qui a été remise à l'ambassade de Serbie à Zagreb le 15 juillet, dans laquelle il était indiqué que suite aux informations provenant de sources officieuses concernant la possible visite du président de la Serbie Aleksandar Vučić à la région de Jasenovac et Pakrac, le 17 juillet, lors de la planification des visites des officiels étrangers, l'heure, le caractère et le programme de la visite doivent faire l'objet d'une communication officielle et d'un accord des deux parties.

«Le fait que la partie croate n'a pas été officiellement informée de l'intention d'une éventuelle visite en Croatie est inacceptable», lit-on dans la note du ministère croate.

Elle stipule également que la visite d'un haut représentant d'un pays étranger dans la zone commémorative de Jasenovac ne peut être de caractère privé.

«Lorsque les conditions auront été réunies pour une telle visite, dont les autorités croates cette fois n'ont pas été officiellement informées, elle sera convenue par les voies diplomatiques habituelles», indique la note.

A cette note, le ministère des Affaires étrangères de Serbie a répondu par une note qui a été présentée à la Chargée d'affaires à l'ambassade de Croatie à Belgrade à 10 heures ce matin, qu'elle a refusé de recevoir.

Selaković a également lu la note du ministère serbe:

«Le ministère des Affaires étrangères de Serbie est consterné par la décision illégale, anti-européenne et anti-civilisation du ministère des Affaires étrangères et européennes de Croatie qui, sur la base de la volonté arbitrairement exprimée des autorités croates et en violation flagrante du principe de la liberté de mouvement, interdit l'arrivée du président de la Serbie à Jasenovac, lieu où ont péri plusieurs centaines de milliers de victimes innocentes de nationalités serbe, juive, rom et autres».

Il a été indiqué que l'intention du président serbe Aleksandar Vučić était seulement de déposer des fleurs et d'allumer une bougie sur le lieu saint où des centaines de milliers de Serbes ont été tués pendant la Seconde Guerre mondiale.

En ce qui concerne les allégations de la note croate selon lesquelles la visite est inacceptable, car ils n'en ont pas été officiellement informés, le MAE de la Serbie a informé que le président de la Serbie était intéressé à effectuer une visite officielle dans la zone du mémorial de Jasenovac à tout moment, dans la période allant jusqu'au 17 septembre.

«Dans la profonde conviction que la Croatie, comme la Serbie, condamne le plus fermement et abhorre les crimes les plus odieux commis contre le peuple serbe par la NDH nazie pendant toute la période de son existence, dont le point culminant a été le système des camps de concentration de Jasenovac, le MAE espère que la visite sera rendue possible sans entrave du président de la Serbie dans ce lieu saint, et dans ce sens, il attend de la partie croate qu'elle accorde un traitement approprié relatif aux plus hauts responsables étrangers, y compris tous les aspects de sécurité nécessaires» indique la note.

En outre, il est rappelé que l'année précédente, plus de 700 entrées de titulaires de passeports diplomatiques et de service croates en Serbie ont été enregistrées, sans aucune annonce officielle préalable, y compris des hauts fonctionnaires croates, tel le ministre des Sciences et de l'Education Radovan Fuks le 24 juin, Zvonko Milas, secrétaire d'État au Bureau des Croates hors de Croatie, le 18 mars, Milan Bošnjak, émissaire du Premier ministre de Croatie, le 17 décembre 2021.

Dans ce sens, le MAE, comme il le souligne, se réserve le droit de répondre de manière adéquate à la décision de la partie croate.

-Ce qui est vraiment incroyable pour moi en tant que citoyen, en tant que Serbe, c'est que quelqu'un voit le chaos dans le dépôt des fleurs sur le site du plus grand martyre du peuple serbe de l'histoire. Imaginez le chaos qui serait créé en déposant des fleurs sur le site du plus grand martyre du peuple serbe de l'histoire», a déclaré Selaković.

Peut-être, a-t-il ajouté, le chaos réside dans le fait que le président de la Serbie déposerait des fleurs sur lesquelles il y aurait un ruban rouge-bleu-blanc, et non avec l'arrangement croate des couleurs sur le drapeau tricolore.

-La grande majorité des victimes y étaient tout de même de nationalité serbe, a déclaré Selaković.

Il a également souligné qu'il était entièrement d'accord avec l'évaluation de la Première ministre Ana Brnabić, qui a déclaré que cela équivalait à une décision d'interdire au président d'Israël de se rendre à Auschwitz.

Selaković a ajouté que le président de la Serbie présentera plus de détails sur cette affaire dans son discours au public demain.

 Source: Tanjug / photo: MAE